Astrig Siranossian
Concert à l'Abbaye du Ronceray
Vers l’An mille, le comte d’Anjou Foulques III, dit Foulques Nerra – « le Noir », en raison de son teint sombre – commence à se préoccuper de son Salut. Désigné comme l’un des chevaliers les plus batailleurs du Moyen-Âge par les historiens, il aurait, selon la légende, fait brûler vive l’une de ses épouses qu’il accusait d’adultère. Qu’à cela ne tienne, il entreprend plusieurs pèlerinages à Jérusalem, et multiplie l’édification d’abbayes dans ses domaines. La culpabilité de ce comte ombrageux nous vaut donc la superbe abbaye Sainte-Marie-de-la-Charité, dite plus tard ‘du Ronceray’ : au XVIe siècle, une ronce y poussait dans la crypte et semblait vouloir enlacer une statue de la Vierge. L’abbaye se déploie autour de son cloître et se prolonge par deux églises enchevêtrées, celle, abbatiale dite du Ronceray (XIe siècle), et celle de la Trinité (XIIe siècle) qui lui est attenante — toutes deux classées Monuments historiques par Prosper Mérimée en 1840.
Les bâtiments conventuels abritent depuis 1815 l’Ecole des Arts et Métiers. Au début du XIXe siècle, le chœur de l’église abbatiale s’est effondré, et un maître-autel a été installé pour fermer la nef. Derrière, l’abside et les bras du transept ont longtemps servi de blanchisserie et de remise pour l’Ecole. Au XXe siècle, la longue nef romane a accueilli des expositions d’art contemporain. Les pierres de l’abbatiale, de plus de neuf cents ans d’âge, côtoient les bâtiments et ateliers ajoutés à l’édifice à partir du XVIIe siècle, dont le cloître qui sert encore aux fameux Gadzarts, les élèves de l’école. L’histoire ne dit pas si Foulques Nerra obtint le salut ; mais il dota Angers, à n’en pas douter, de l’un de ses plus joyaux historiques, chef d’œuvre roman méconnu.
Avec ses vastes voûtes romanes, ses chapiteaux du XIe siècle et ses peintures murales qui sont parmi les plus anciens de l’art roman, le Ronceray est un site propice à l’émerveillement et à la redécouverte. Il ne faut pas y rater ses chapiteaux qui représentent des scènes bibliques taillées dans la pierre – et pourquoi ne pas tenter d’y repérer le plus remarquable d’entre eux, ‘La fuite en Égypte’ ?
Le lieu vu par Astrig Siranossian :
« Tellement d’histoires se sont passées, tellement de vies, tellement de personnes ont regardé, croisé ces mêmes pierres.
Les voûtes, les différents niveaux, des pierres différentes, des matières, les volumes créent une grande richesse. C’est inspirant. »
Violoncelliste de classe internationale au talent reconnu et plébiscité par les scènes les plus prestigieuses du monde, Premier Prix et plusieurs fois Prix spécial du concours international K. Penderecki, Astrig Siranossian fait déjà partie des grandes violoncellistes contemporaines.
Elle offre au sein de l’Abbaye du Ronceray la profondeur et la virtuosité de ses interprétations dans le cadre d’un programme à la fois intime et d’exception sous le signe de l’hybridation. Les plus célèbres suites de Bach alterneront ainsi avec des chants arméniens traditionnels qu’elle interprètera.
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À voir, à écouter et pour découvrir le lieu